
Oxymètre et randonnée en haute altitude : un gadget ou un indispensable ?
Cet été, la nouvelle télécabine de Combloux des milliers de personnes à plus de 1 800 mètres en moins de dix minutes. Par ailleurs, la fameuse ligne panoramique vers l'Aiguille du Midi à Chamonix affiche complet tous les matins. Les sommets n'ont jamais été aussi accessibles. Pourtant, au‑dessus de 2 500 mètres, l'oxygène se fait rare et la saturation sanguine chute. Faut‑il glisser un oxymètre dans la poche de son sac à dos ou garder de la place pour la tablette de chocolat ? Nous allons vous expliquer, chiffres à l'appui, pourquoi ce petit accessoire peut devenir votre meilleur compagnon de cordée.
Pourquoi la saturation baisse-t-elle si vite ?
L'air contient toujours 21% d'oxygène. Plus on monte en altitude et plus la pression atmosphérique diminue. Une revue de 2023 montre une baisse moyenne de -8% à -20% de SpO₂ au‑delà de 5 000 mètres. Par ailleurs, dès 3 000 mètres d'altitude, un randonneur non acclimaté peut tomber sous 92%. Les chercheurs du dataset HARespod confirment la tendance : en chambre hypobare, des jeunes adultes passent de 98% à 90% en deux heures de simulation à 3 200 mètres.
Les seuils qui doivent vous alerter
Altitude |
SpO₂ "attendue"* |
Action conseillée |
---|---|---|
Mer (0-800 m) |
95‑100% |
RAS |
1 500 m |
93‑97% |
Hydratez-vous et marchez à rythme doux |
2 500 m |
90‑95% |
Prenez une pause longue et contrôlez après 10 min |
3 000 m |
88‑93% |
Si < 90%, ralentissez, hydratez-vous et surveillez |
+3 500 m |
85‑90% |
< 8% = descente fortement recommandée |
*Valeurs issues de la synthèse de SpO₂ en altitude (Nature Scientific Reports 2024)
Pourquoi emporter un oxymètre en 2025 ?
Un tourisme qui grimpe plus vite que l'acclimatation
Le Conseil européen du tourisme annonce +11% de visiteurs internationaux en 2025, tirés par la montagne. L'accès express en télécabine supprime l'étape d'adaptation.
Résultat, plus de selfies au sommet, mais aussi plus de maux de tête, de nausées et d'appels aux secours. Les secouristes suisses notent une hausse de 18% des interventions pour symptômes d'altitude modérés depuis 2023.
Un indicateur simple et immédiat
Une revue 2024 confirme qu'une SpO₂ < 88% prédit un risque doublé de mal aigu des montagnes dans les huit heures. L'oxymètre donne donc un feu orange bien avant que la tête n'explose.
Bien choisir son oxymètre de randonnée
Critère |
Pourquoi c'est crucial en montagne |
---|---|
Poids < 60g |
Chaque gramme compte. |
Écran contrasté |
Lecture rapide sous soleil vif. |
Température d'usage |
Doit rester fiable dès 0°C. |
Indice de perfusion (PI) |
Permet de juger la qualité du signal sur doigts froids. |
Alarme réglable |
Avertit quand on oublie de surveiller. |
Trois moments pour mesurer
-
Avant l'ascension
Vérifiez votre valeur de base. Si vous êtes déjà à 93% au parking à 1 500 mètres d'altitude, partez doucement. -
Pendant la pause au col
Asseyez‑vous, retirez les gants, chauffez le doigt dix secondes. Si la SpO₂ est sous 90%, allongez la pause, voire redescendez. -
Le soir au refuge
Une SpO₂ nocturne sous 88% annonce un sommeil agité et un mal de tête au réveil. Une descente de 300 mètres peut suffire à rétablir la situation.
Que faire si la SpO₂ chute?
- Hydratation et électrolytes : buvez un demi‑litre, ajoutez une pincée de sel.
- Respiration contrôlée : inspirez cinq secondes, puis soufflez cinq nouvelles secondes. La ventilation supplémentaire améliore la saturation de 2-3%.
- Descente progressive : 300 à 500 mètres plus bas réduisent la pression sur le système respiratoire.
- Pas d'automédication : évitez l'ibuprofène sans avis médical. Celui-ci peut masquer la douleur, mais pas l’hypoxie.
Faut‑il un modèle Bluetooth ?
En randonnée, la connexion est souvent aléatoire, mieux vaut un appareil autonome. En revanche, à la maison, la synchronisation permet de partager un rapport PDF avec un médecin du sport avant une prochaine expédition. À vous de voir si le nuage vaut les quelques grammes et euros de plus.
Cas concret : Léa, 29 ans, sa première à plus de 3 000 mètres d'altitude
Léa part du Plan de l'Aiguille (2 317 mètres) vers 9 heures, SpO₂ à 94%. Au sommet du Montenvers à 3 050 mètres, deux heures plus tard, elle est à 89% et a une légère migraine. Elle boit 400 mL d'eau, s'assoit. Dix minutes plus tard, la saturation remonte à 91%. Léa poursuit un peu plus lentement. Au refuge, avant le dîner, elle note 87%. Le gardien conseille de redescendre dormir plus bas. Léa suit le conseil, reprend le train de 17 heures, dort à 1 800 mètres d'altitude. Le lendemain, fraîche et à 94%, elle remonte pour admirer l'aube, cette fois sans migraine.
Questions fréquentes
Dois‑je vérifier mon SpO₂ toutes les heures ?
Non. Il faut le faire avant le départ, puis à la pause principale ou si des symptômes apparaissent. Trop mesurer peut générer du stresse inutilement.
Mon oxymètre indique 85% mais je me sens bien. Que faire ?
Refaites la mesure sur un doigt chaud. Si la valeur persiste, descendez au moins de 300 mètres. Les symptômes peuvent surgir plus tard.
Un bracelet connecté suffit‑il ?
Pas encore. Les études 2025 trouvent des écarts de ±5% en altitude. Préférez un clip au doigt, calibré pour un flux sanguin plus faible.
En résumé
- L'altitude fait baisser la saturation : -1% tous les 300 mètres en moyenne dès 2 000 mètres d'altitude.
- Un oxymètre de poche pèse moins de 60g et alerte avant que le mal de montagne ne s'installe.
- Sous 88%, hydratez‑vous, reposez‑vous, envisagez la descente.
- Choisissez un modèle léger, écran lisible, indice de perfusion pour doigts froids.
La montagne offre un spectacle unique, mais elle impose ses règles. Un oxymètre n’alourdit pas le sac à dos. Il peut surtout éclairer une décision qui change tout : continuer ou redescendre. Cet été, entre la photo du sommet et le chocolat chaud du refuge, pensez aussi à clipser ce petit capteur. Vos poumons, et votre tête, vous remercieront au lever du soleil.
Pour préparer votre trousse santé complète, consultez aussi notre guide des meilleurs oxymètres 2025.