Compléments alimentaires et hypertension : les risques à connaître

Vous envisagez un complément "naturel " pour mieux dormir, maigrir ou booster votre énergie. Bonne idée ? Pas toujours, car certains ingrédients peuvent faire grimper votre tension artérielle. En revanche, d'autres peuvent aider à la faire baisser. Comment le savoir ? Votre tensiomètre reste votre garde‑fou qui tranche entre promesse marketing des compléments alimentaires et les bénéfices réels.

L'essentiel à retenir

Certains compléments sont connus pour faire augmenter la pression : réglisse, synephrine (orange amère), yohimbe, fortes doses de caféine.

D'autres interagissent avec vos traitements : millepertuis, ginseng, réglisse avec diurétiques/IEC/ARA2.

Quelques nutriments aident modestement : potassium alimentaire, magnésium, ail, betterave, oméga‑3.

Votre tensiomètre décide : toujours la règle 3×3, avant/après 14 jours, puis échange avec le médecin.

Votre but : rester < 135/85 mmHg en automesure (ou la cible fixée par votre soignant).

Pourquoi parler compléments et hypertension artérielle (HTA) ?

La moitié des adultes prend au moins un complément chaque année. Le geste paraît anodin. Pour la tension artérielle, il ne l'est pas. 17 millions de Français vivent avec une HTA. Certaines gélules faussent les chiffres ou contrecarrent les médicaments. La bonne nouvelle, un tensiomètre repère vite l'effet d'un produit, utile ou délétère.

Les compléments qui peuvent faire monter la tension

Réglisse (glycyrrhizine)

• Effet minéralocorticoïde : rétention de sel et d’eau = hausse parfois +5 à +15 mmHg.
• Risque majoré si vous prenez un diurétique thiazidique ou un corticoïde.
• Astuce : éviter en continu. Le DGL (réglisse déglycyrrhizinée) réduit le risque mais ne l’annule pas.

Synephrine / orange amère, "brûleurs" de graisse

• Stimulant adrénergique : vasoconstriction et tachycardie.
• Combo risqué avec caféine, thé vert concentré, pré‑workout.

Yohimbe / yohimbine

• Élève fréquences et pression : pics chez sujets sensibles.
• Interactions avec antidépresseurs et antihypertenseurs.

Caféine à forte dose / guarana concentré

• Hausse aiguë de 3 à 5 mmHg dans les heures qui suivent.
• Regardez l’étiquette : certaines boissons énergisantes dépassent 150 mg.

Ginseng (hautes doses)

• Effets variables : certains extraits stimulants, petite hausse de tension chez quelques profils.
• Prudence si vous prenez des anticoagulants ou des antidiabétiques.

Signal d'alarme
Maux de tête soudains, palpitations après une nouvelle gélule ? Mesurez. Si la moyenne grimpe +5 mmHg ou plus sur 3 jours, stoppez et parlez‑en au médecin.

Les compléments qui interagissent avec les traitements de l’HTA

Millepertuis (Hypericum)

• Inducteur enzymatique : il diminue l’efficacité de plusieurs médicaments (y compris certains antihypertenseurs et anticoagulants).
• Risque : tension mal contrôlée sans que vous compreniez pourquoi.

Potassium en gélules

• Utile chez certains, dangereux avec IEC/ARA2/spironolactone  : hyperkaliémie.
• Préférez d’abord le potassium alimentaire (fruits/légumes/pulses).

Réglisse encore

• Potentialise l'effet de diurétiques et corticoïdes : hypokaliémie + hausse de tension.

Ginkgo, ail concentré, oméga‑3 à forte dose

• Peuvent fluidifier le sang : prudence si vous prenez anticoagulant/antiagrégant.

Les compléments/nutriments qui peuvent aider (effet modeste, mesurable)

Objectif
-2 à -5 mmHg en moyenne, parfois plus chez hypertendus non traités.

• Potassium alimentaire : viser 3 à 4 portions de fruits/légumes riches par jour (banane, kiwi, haricots, épinards).
• Magnésium (formes bien tolérées : bisglycinate, citrate) : utile si carencé, sommeil agité, crampes.
• Ail (extrait vieilli) : baisse légère de la systolique, intérêt sur la rigidité artérielle.
• Jus de betterave / nitrates : effet rapide à court terme sur la systolique, pratique avant un effort.
• Oméga‑3 (EPA/DHA) : bénéfice modeste sur la diastolique, plus net si triglycérides élevés.
• CoQ10 : possible petit coup de pouce, surtout si statine.

Rappel
"naturel" ne veut pas dire "inoffensif". Mesurer reste la seule façon de prouver que cela vous convient.

Portrait d'Adrien, 58 ans, des "boosters" et une pression qui grimpe

Adrien gère une équipe commerciale. Il décide de prendre un traitement "brûleur de graisse" à base d'orange amère pour retrouver du tonus. Deux semaines plus tard, sa tension est de 143/92 mmHg en moyenne et il a régulièrement des maux de tête.

Il lit la fiche du produit, découvre la synephrine. Il sort son tensiomètre bras et applique la règle 3 × 3.

Il arrête le booster, garde le café du matin, ajoute du magnésium et fait de la marche rapide. Quinze jours plus tard, sa tension est de 135/84 mmHg. Le médecin valide ce nouveau mode de vie. Adrien garde le tensiomètre à son bureau, mais le booster, lui, reste au placard.

Questions fréquentes

Puis‑je prendre du magnésium avec mon IEC ?
Oui en général, surtout si vous êtes carencé. Vérifiez la tolérance digestive et mesurez votre tension pendant 2 semaines.

Le potassium en gélules est‑il une bonne idée ?
Pas sans avis médical, si vous prenez IEC/ARA2/spironolactone. Privilégiez l'assiette.

Le jus de betterave est‑il compatible avec un bêtabloquant ?
Oui, mais l'effet est transitoire. Mesurez avant/après pour voir si cela vous apporte quelque chose.

La réglisse pour les maux de gorge ?
Évitez en cure longue si vous avez une HTA ou un diurétique. Vous risquez un rebond de tension.

Les compléments aident quand ils s'inscrivent dans une routine claire : sel maîtrisé, activité régulière, sommeil de qualité. Ils desservent quand ils dérèglent vos mesures. Nous vous proposons un chemin simple : choisir prudemment, mesurer correctement et décider sereinement. Vous gardez la main sur votre santé.